Pourquoi nous avons quitté l'Église épiscopale1
Le révérend John Vates est recteur et Os Guiness est membre de l'Église The Falls, l'une des Églises de Virginie qui ont voté, en décembre 2006, pour se séparer de l'Église épiscopale.
Alors qu'on commente la crise de l'Église épiscopale même au cours de l'enterrement de Gerald Ford à la cathédrale nationale de Washington, nous croyons qu'il est temps d'expliquer clairement pourquoi notre Église, comme beaucoup d'autres dans notre pays, s'est séparée de l'Église épiscopale. Pour avoir une vision libérale de la liberté, il est essentiel qu'une personne ou un groupe aient le droit de se définir, de défendre leur point de vue et de ne pas être déshumanisés par les définitions et les distorsions des autres. Nous réclamons ce droit même de la part de ceux qui diffèrent de nous.
La cause principale de notre départ n'est pas la direction des femmes. Ce n'est pas « les épiscopaliens contre l'égalité », comme l'a écrit Harold Meyerson en gros titre sur la page d’opinions d'un récent Post. Ce n'est pas non plus un glissement de l'Église « vers la gauche », ni une question principalement éthique — bien que l'ordination en tant qu'évêque de quelqu'un qui pratique l'homosexualité ait été le signe éclatant que le mouvement s'est gravement écarté de l'orthodoxie chrétienne.
Pour nous, le nœud du problème est théologique : il s'agit de l'intégrité intellectuelle de la foi dans le monde actuel. C'est donc une question de fidélité à l'égard de la seigneurie de Jésus, que nous adorons et suivons. L'Église épiscopale américaine ne croit plus en la foi chrétienne orthodoxe historique commune à tous les chrétiens. Certains dirigeants renient expressément les articles centraux de la foi, disant que le théisme traditionnel est « mort », que l'incarnation est « un non-sens », la résurrection de Jésus de la fiction, la compréhension de la croix « une idée barbare », la Bible « de la pure propagande », et ainsi de suite. Certains récitent le Credo comme une poésie ou en croisant les doigts.
Il serait facile de parodier le surréalisme d'« Alice au pays des merveilles » des dirigeants épiscopaux reniant ouvertement ce que leur mouvement croyait autrefois, célébrant ce pour lequel les chrétiens se sont fait brûlés sur le bûcher pour résister, tout en restant à des postes de dirigeants. Mais c'est un sujet crucial.
Premièrement, le révisionnisme épiscopalien abandonne la fidélité envers la foi. Les Écritures hébraïques associent la saine doctrine à la relation avec Dieu. Elles considèrent l'apostasie comme adultère. C'est une forme de trahison aussi abjecte qu'un mari qui trompe sa femme.
Deuxièmement, le révisionnisme épiscopalien annule l'autorité de la foi. La doctrine de la « sola scriptura » (« par les Écritures seules ») de la Réforme a fait place à la « sola cultura » (par la culture seule) de l'Église moderne. L'Église épiscopale n'a plus d'autorité. Soit elle est sa propre autorité, soit elle trouve son autorité au travers des vents changeants de la mode intellectuelle et sociale, ce qui revient à dire qu'elle n'en a aucune.
Troisièmement, le révisionnisme épiscopalien rompt la continuité de la foi. Comme il se retranche de la foi universelle qui traverse les siècles et les continents, il devient captif culturellement d'une culture et d'une époque. Alors qu'il professe la tolérance et l'acceptation, certaines attitudes des épiscopaliens à l'égard des frères dans la foi du monde entier, qui constituent la plus grande partie de la famille anglicane, ont été arrogantes et même racistes.
Quatrièmement, le révisionnisme épiscopalien détruit la crédibilité de la foi. Si peu de choses distinctement chrétiennes subsistent dans la théologie de certains dirigeants épiscopaliens, tel l'ancien évêque de Newark, qu'un sceptique peut dire, comme Oscar Wilde l'a déclaré à un ecclésiastique de son époque, « non seulement je vous suis, mais je vous précède. » Ce n'est pas un hasard si les Églises orthodoxes sont en pleine croissance et si presque tous les illustres convertis à la foi chrétienne du siècle dernier, comme G. K. Chesterton et C. S. Lewis, ont été attirés vers l'orthodoxie pure, et non vers le révisionnisme. L'Église épiscopalienne est vouée à se flétrir et à décliner. C'est déjà évident dans de nombreux diocèses.
Cinquièmement, le révisionnisme épiscopalien annihile l'identité même de la foi. Lorsque les grandes vérités et les croyances de la Bible sont abandonnées et que ce qui peut être adopté à leur place est sans limites, on atteint un stade où le christianisme n'est pratiquement plus identifiable au sein du révisionnisme épiscopalien. Si seulement les leaders épiscopaliens montraient le même zèle pour leur foi qu'ils le font pour leur propriété ! Si le déclin actuel se poursuit, il ne restera plus d'une Église forte d'autrefois que des bâtiments vides, entretenus par les finances des anciens, mais plus par la foi.
C'est contre ces scandales que nous protestons. Ce sont ces infidélités qui nous ont amenés à nous séparer. Ce sont là les vrais problèmes à débattre. Nous restons anglicans, mais nous quittons l'Église épiscopale parce que celle-ci a d'abord renoncé à sa foi historique. Comme nos précurseurs spirituels à la Réforme, « nous prenons position. Aide-nous, Seigneur. Nous ne pouvons pas agir autrement. »
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Cet article est paru dans l'édition du 8 janvier 2007 du The Washington Post. Rev. John Yates et Os Guinness, “Why We Left the Episcopal Church,” The Washington Post, lundi 8 janvier 2007, http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/01/07/AR2007010700982.html (accédé le 8 janvier 2007). Reproduit avec l'autorisation des auteurs. |